Salariés – actionnaires : le conflit inévitable
Tout pousse à prévoir en Europe et aux Etats-Unis un fort recul des salaires
reçus par les ménages : chômage élevé que la croissance ne peut pas
réduire, accélération des délocalisations et de la désindustrialisation, et
exigence maintenue de rentabilité élevée du capital.
Au contraire, la profitabilité des entreprises se redresse rapidement grâce à la
baisse des salaires, tandis que l’abondance de liquidité pousse à la hausse la
valeur des actifs, dont les actions. On doit donc anticiper une forte
déformation du partage des revenus au détriment des salariés ce qui est une
forme d’inégalité (de conflit de répartition) différente de celle qui dominait
dans la période récente et qui s’observait entre les salariés ; aussi la
poursuite de l’ouverture des inégalités de patrimoine.
Ce conflit entre salariés et actionnaires pourrait être renforcé par la nécessité
de réduire les déficits publics dans un environnement de concurrence fiscale,
ce qui nécessiterait d’accroitre la pression fiscale seulement sur les ménages
et la consommation et de réduire les transferts sociaux.
Il ne pourrait être évité, à court terme, que par des politiques redistributives, à
moyen terme par la remise en cause des exigences de rentabilité du capital
par une accélération des gains de productivité.
RECHERCHE ECONOMIQUE
Rédacteur : Patrick ARTUS
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