L'Allemagne et la France renouent avec la croissance :
LE PIB AU DEUXIÈME TRIMESTRE
par Noah Barkin et Estelle Shirbon
BERLIN/PARIS (Reuters) - L'Allemagne et la France sont sorties de récession dès le deuxième trimestre, plus tôt que ce que pensaient les prévisionnistes de tous bords, mais sans entraîner l'ensemble de la zone euro.
Les deux premières économies de la zone euro ont enregistré une croissance de 0,3% sur la période avril-juin, mettant fin à quatre trimestres consécutifs de contraction - du jamais vu depuis l'après-guerre.
Dans les deux cas, les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un repli de 0,3% de l'activité.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]"Les chiffres sont extrêmement surprenants : après quatre trimestres négatifs, la France sort enfin du rouge", s'est réjouie la ministre de l'Economie Christine Lagarde, qui a donné la primeur de l'information à la radio RTL.
Dans l'ensemble de la zone euro, la variation du produit intérieur brut (PIB) est restée négative mais de seulement 0,1%, alors que le consensus était de -0,5% avant la publication des chiffres allemands et français.
"Il y a fort à penser que l'Europe va bénéficier de plus en plus de la reprise de l'économie mondiale et la phase la plus brutale de l'ajustement des stocks est maintenant derrière nous", commente Nick Kounis, économiste chez Fortis Bank.
"On peut tabler raisonnablement sur une reprise graduelle de l'économie jusqu'en 2010."
L'Allemagne, fortement exposée au commerce international, avait subi une chute de 3,5% de son PIB au premier trimestre alors que celui de la France s'était contracté de 1,3%.
Leur sortie de récession au deuxième trimestre contraste avec l'Italie (-0,5%), l'Autriche (-0,4%), la Belgique (-0,4%) et les Pays-Bas (-0,9%) qui ont vu leur richesse nationale continuer de reculer sur cette période.
La Grèce et le Portugal ont en revanche connu une croissance de 0,3%, comme les deux poids lourds de la zone euro.
L'Espagne attend vendredi pour publier son chiffre mais la banque centrale estime que le PIB s'est contracté de 0,9%, après -1,9% au premier trimestre.
LE PLUS DUR EST PASSÉ
Le plus dur de la crise, partie de l'effondrement du marché des subprimes américains en 2007, amplifiée par la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008, semble ainsi passé.
"La récession est terminée, et pas seulement en Allemagne. Le choc de confiance causé par la faillite de Lehman s'est dissipé, l'investissement repart," affirme Jörg Krämer, économiste à Commerzbank.
La Réserve fédérale américaine s'est montrée prudemment optimiste mercredi sur les perspectives de reprise aux Etats-Unis, en notant que les dépenses des ménages montraient des signes de stabilisation.
C'est la première fois depuis août 2008 que son communiqué de politique monétaire ne fait pas état d'une dégradation de la situation économique.
La Banque d'Angleterre, elle, n'entrevoit pas de sortie de récession avant le début 2010 alors que l'économie britannique a subi une contraction de 0,8% au deuxième trimestre.
En France, la croissance a été soutenue au deuxième trimestre par la consommation des ménages toujours résiliente et un redressement inattendu des exportations.
Sur un an, le PIB a baissé de 2,6%, à comparer à un glissement annuel de -7,1% en Allemagne.
REPRISE POUSSIVE
Les statistiques laissent prévoir une contraction de l'ordre de 2% ou 2,5% de l'économie française sur l'ensemble de 2009 - un peu mieux que la baisse de -3% jusqu'ici anticipée.
En Allemagne, le gouvernement prévoyait une chute de 6% du PIB cette année mais le ministère de l'Economie a pris bonne note de la stabilisation au deuxième trimestre.
"Ces chiffres sont encourageants mais il n'y aucune raison d'être euphorique car nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir avant que l'économie ne retrouve son niveau de l'an dernier", a déclaré le ministre de l'Economie Karl-Theodor zu Guttenberg.
De fait, le spectre d'une dépression comme celle des années 1930 s'éloigne mais la reprise s'annonce poussive.
"L'économie reste sujette à de fortes difficultés, telles que la hausse du chômage, des capacités de production excédentaires et des conditions de crédit relativement restrictives", explique Clemente De Lucia, économiste chez BNP Paribas.
"Les données d'enquête signalent une amélioration des conditions économiques au deuxième semestre mais nous n'anticipons pas un retour à une croissance solide avant le milieu de l'année prochaine."
Version française Véronique Tison, édité par Benoît Van Overstraeten