Le taux du Livret A va rester à 1,25% et devrait peu évoluer en 2010 :
Le taux du Livret A va être maintenu le 1er février à 1,25%, un niveau historiquement bas qui ne devrait pas ou peu évoluer en 2010, selon les prévisions actuelles, entraînant ainsi probablement de nouveaux retraits de ce placement longtemps chéri des Français.
Pour éviter un choc trop brutal aux épargnants français, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a annoncé mercredi qu'elle dérogerait à la formule d'ajustement automatique qui lie notamment l'évolution du taux à l'inflation, actuellement très faible.
L'application à la lettre de cette formule, instaurée en 2003, aurait abaissé le taux à 1%. C'est la cinquième fois d'affilée que le gouvernement décide de fixer le taux à un niveau supérieur à celui issu de la formule.
"Il m'a paru nécessaire de maintenir ce taux à 1,25% parce que un, c'est un taux rémunérateur raisonnable, deux, c'est un engagement que j'avais pris qu'il ne descende pas au-dessous du plancher de 1,25%", a déclaré Mme Lagarde.
Le ralentissement très marqué de l'inflation et la baisse historique des taux d'intérêt à court terme, deux indicateurs utilisés dans la formule d'ajustement automatique, poussent le taux à la baisse depuis début 2009.
L'inflation en décembre s'est établi à 0,9% comparé au même mois de 2008, selon des chiffres publiés mercredi. Après avoir ralenti en début d'année 2009, elle devrait s'accéler jusqu'en juin, portée par la montée des prix du pétrole.
"L'inflation devrait dépasser les 1,2% d'ici avril et donc, cela justifierait une augmentation du taux à 1,5% au mois de mai", date de la prochaine révision possible du taux du Livret A, prévoit Cyril Blesson, économiste chez Seeds Finance et fondateur des Cahiers de l'épargne.
Mais, selon l'ensemble des prévisions, l'inflation ne devrait pas aller bien au-delà, ce qui obère les perspectives d'une franche remontée du taux du Livret A. D'autant que l'autre élément de calcul, les taux d'intérêt à court terme, ne devraient, eux aussi, que faiblement remonter.
"Il n'y a aucune raison de voir le taux du Livret A remonter au-dessus de 1,25% en 2010", estime même Alexandre Bourgeois, chef économiste adjoint chez Natixis, plus pessimiste.
Dès lors, "les Livrets A vont continuer à subir des sorties significatives" de fonds au cours de 2010, selon Meyer Azogui, président de la société indépendante de conseil en gestion de patrimoine Cyrus Conseil.
Après un début d'année faste consécutif à l'ouverture de la distribution à l'ensemble des banques, les retraits ont été supérieurs de près de 8 milliards aux dépôts entre mai et novembre en 2009 sur le Livret A.
Une sanction directement liée à la chute de son taux, qui est passé, entre février et août, de 4% à 1,25%, le plus bas niveau de son histoire.
Néanmoins, pour M. Blesson, "la décollecte (retraits supérieurs aux versements, ndlr) devrait être très modérée par rapport à l'encours en 2010 et inférieure à celles de la seconde moitié de 2009".
Malgré les retraits d'épargnants fin 2009, le Livret A reste un produit de placement phare pour les Français et totalisait encore 181,7 milliards fin novembre.
M. Bourgeois souligne que le taux d'épargne des Français est actuellement au plus haut depuis huit ans, illustration du phénomène classique d'épargne de précaution en période d'incertitude économique.
"Quand on fait de l'épargne de précaution, ce n'est pas pour spéculer", fait-il valoir. "Il y a toujours cette idée que le Livret A reste un placement sécurisé, même si son taux est bas."