30.000 à 50.0000 morts attendus après le séisme à HaïtiLe violent séisme qui a touché la capitale de ce pays, l'un des plus pauvres au monde, aurait fait 30.000 à 50.000 victimes selon le Président. Le chaos règne toujours dans cette ville de 2 millions d'habitants. Les scènes de pillages se multiplient. L'aide internationale se mobilise rapidement.Le séisme, de magnitude 7 sur l'échelle de Richter, est le plus violent depuis plus de 200 ans à frapper ce pays, l'un des plus pauvres de la planète. Le bilan du séisme sera "l'un des plus élevés de ces dernières années en pertes de vies humaines", a dit mercredi la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, en le comparant au tsunami de décembre 2004 en Asie. Le bilan "sera l'un des plus élevés de ces dernières années en terme de pertes de vies humaines, pour ce que j'en sais", a déclaré Mme Clinton lors d'un point de presse à Hawaii. Des écoles, des hôpitaux, des immeubles, des baraquements des bidonvilles se sont écroulés sous la violence de la secousse survenue mardi vers 17h00 locales. Près de 24 heures après la catastrophe, des habitants erraient dans les rues dévastées, abruties par le choc, ou s'efforçaient de venir en aide à des personnes bloquées sous les décombres. La Croix-Rouge locale s'est dite débordée alors que l'aide internationale se met en place.
Des dizaines de milliers de morts
30.000 à 50.000 personnes seraient mortes selon le Président de la république, René Préval, vivant malgré l'effondrement de son palais. Hier, mercredi, le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive disait à la chaîne américaine CNN : "il est difficile d'évaluer précisément le nombre de victimes. Combien de constructions, combien de bâtiments se sont effondrés. Avec les habitants à l'intérieur, je pense qu'on est bien au dessus de 100.000. Tellement de bâtiments, tellement de quartiers ont été totalement détruits, et dans certains quartiers, on ne voit même plus personne, donc je ne sais pas où sont ces gens". Mais on ignore pour le moment le nombre réel de victimes, les communications étant fortement perturbées dans l'île.
L'ONU a été durement touchée, le bâtiment de cinq étages abritant le siège de sa mission dans le pays, la Minustah, s'est effondré. L'organisation a déclaré que le nombre de ses employés morts serait probablement "extrêmement élevé". Une centaine de personnes ont disparu sous les décombres de l'immeuble. Au siège des Nations unies à New York, on n'a pas pu confirmer le décès du chef de la Minustah, le Tunisien Hedi Annabi, annoncé par René Préval. L'armée brésilienne a déclaré que onze membres de son contingent au sein de la Mission des Nations unies pour la stabilisation à Haïti avaient péri et que de nombreux autres militaires étaient portés disparus.
Le centre de Port-au-Prince transformé en camp de réfugiés
"Il va falloir reloger Port-au-Prince, soit deux millions de personnes", a expliqué mercredi soir l'ambassadeur de France à Haïti. Ils ont tout perdu, leur maison, leur vie d'avant, et se sont entassés dans le centre de Port-au-Prince, transformé en immense camp de réfugiés, où des dizaines de milliers de personnes réclament désespérément de l'eau, de la nourriture et des médicaments. Ils se sont installés sur le Champ de Mars, une célèbre avenue de Port-au-Prince, près du Palais présidentiel qui s'est affaissé sous le choc du séisme. Crasseux, blessés, désespérés, les réfugiés ont fabriqué comme ils le pouvaient des tentes avec des bouts de tissu trouvés ici et là. "Si la communauté internationale veut vraiment aider Haïti , elle devrait nous donner l'argent directement, pas au gouvernement", lâche James, qui s'occupe d'un campement de presque 50 personnes, dans lequel manque à l'appel sa soeur cadette, ensevelie dans les décombres de sa maison. Avec l'aide de ses frères, cet étudiant de 21 ans s'est livré au pillage d'un supermarché, pour trouver du riz et de l'eau, qu'il distribue au compte-gouttes à ses proches sous les regards envieux d'autres familles qui, pour la deuxième nuit consécutive, n'auront pas de quoi manger. "Depuis plus de 24 heures, personne, ni l'ONU, ni aucune autorité, n'est venue pour nous donner ne serait-ce qu'un verre d'eau", dit Clément, un fonctionnaire.
La communauté internationale se mobilise
Le président américain Barack Obama a promis "une aide indéfectible" à Haïti. Il a ordonné à l'administration américaine de fournir rapidement des secours aux sinistrés et l'US Navy a envoyé un porte-avions et trois navires amphibies. Déjà, des avions P3 de l'US Air Force ont effectué des vols de reconnaissance au-dessus de la zone dévastée. La Chine, la France, l'Islande, la République dominicaine voisine, faisaient partie des premiers pays mobilisés pour porter secours au pays. L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a déclaré que ses trois hôpitaux en Haïti étaient inutilisables et qu'elle soignait les blessés dans des abris temporaires. "Ce que nous voyons, ce sont de sévères traumatismes, des blessures à la tête, des membres écrasés, de graves problèmes qui ne peuvent être traités avec le niveau de soin médical actuellement disponible", a expliqué Paul McPhun, de la section canadienne de MSF. L'école de médecine de l'Université de Miami a annoncé l'envoi d'un avion afin d'installer un hôpital de campagne sur place et le rapatriement de blessés dans un état critique vers la Floride.
La France, qui ne dispose pour l'heure d'aucune information sur d'éventuelles victimes françaises, a dépêché deux avions avec sauveteurs et vivres à Haïti. Entre 1.200 et 1.500 Français vivent dans ce pays, la grande majorité dans la capitale.
Les médias français appellent à la générosité. Radio France et France Télévisions se sont associées à la Fondation de France : www.fondationdefrance.org.
Au Vatican, le pape Benoît XVI a ordonné la mobilisation immédiate du réseau caritatif de l'Eglise catholique en faveur des victimes. La cathédrale a été détruite et l'archevêque de Port-au-Prince, Monseigneur Joseph Serge Miot, a été retrouvé mort dans ses bureaux, selon les médias.
La Croix-Rouge française a, elle, annoncé qu'elle déployait une aide d'urgence. Elle va installer une première unité de traitement d'eau pour 40.000 personnes et ditribuer des produits de premières nécessité (couvertures, tentes, ...) pour 20.000 personnes, soit 3.750 familles.
L'organisation Télécoms sans frontières prépare l'envoi d'une équipe de spécialistes avec des installations de télécommunications d'urgence pour faciliter l'aide aux sinistrés.
Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a annoncé que "le FMI se tient prêt à tenir son rôle avec un soutien adéquat dans nos domaines d'expertise. J'ai déjà demandé au personnel d'examiner toutes les possibilités. Nous nous coordonnerons avec les autres agences internationales, et mobiliserons nos moyens d'assistance aussi vite que possible".
La Banque mondiale, dont les bureaux situés dans la banlieue ont été détruits, a annoncé de son côté qu'elle allait dépêcher une équipe à Haïti pour évaluer l'étendue des dégâts et qu'elle commençait à travailler sur des projets de reconstruction. Et elle a indiqué mercredi soir envoyer une aide d'urgence de 100 millions de dollars (69 millions d'euros).
Cette somme servira à soutenir le rétablissement et la reconstruction du pays, a précisé l'institution internationale, qui va envoyer des experts à Haïti pour évaluer l'ampleur des dégâts et établir les priorités.
De son côté, la Banque de développement inter-américain a dit avoir débloqué une aide d'urgence de 200.000 dollars qui sera destinée à la fourniture de nourriture, d'eau, de médicaments et d'abris pour les victimes.
L'Italie a annoncé qu'elle débloquait une aide d'urgence d'1 million d'euros. "Deux contributions financières en faveur des organisations internationales qui opèrent sur le terrain ont été mises à disposition" par le gouvernement italien. 500.000 euros seront attribués au Programme alimentaire mondial pour aider les personnes touchées par le tremblement de terre.
Londres va envoyer une équipe de 64 sauveurs avec leurs chiens pour porter assistance. Elle attend la réouverture du trafic aérien perturbé par les chutes de neige en Angleterre. "Haïti est bien évidemment l'un des pays les plus pauvres au monde", a déclaré Douglas Alexander, ministre britannique pour le Développement. "Les besoins à la suite de cette tragédie vont probablement être énormes."
Le Canada a décidé d'envoyer une force d'intervention importante: "nous déploierons aujourd'hui une force d'intervention (...) pouvant inclure un aéronef C-17 avec de l'équipement médical, de même que que deux hélicoptères de recherche et de sauvetage de type Griffon".
Cuba a annoncé vouloir "envoyer une aide médicale d'urgence à la république soeur d' Haïti . Nous enverrons une certaine quantité de médicaments, de matériel médical, tandis que des médecins supplémentaires se rendront sur place".
Numéro de la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères
Le Quai d'Orsay a annoncé ce mercredi que les personnes ayant des proches en Haïti pouvaient joindre le numéro habituel de la cellule de crise du ministère au 01 43 17 53 53 ou le numéro mis en place spécialement au 01 45 50 34 60.
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